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Pour Sophie Cuvelier,rimbaldienne intuitive,
 
au commencement étaient les couleurs,  
alphabet premier de sa première enfance;  
et le papier, réceptacle souverain et subtil, de tous les signes. 
Elle peint et teint, froisse et lisse, 
découpe et lie, plie et déploie 
et voici que ses émotions deviennent une sarabande de guirlandes 
des oriflammes hiératiques, 
une constellations d'étoiles intimes.  
Rafinement,élégance, danse des sens.et jubilation intense. > propos recueillis de Bouzid.Kouza
 
 
 
   
 
   à la reine des guirlandes 
la révolution comme signe de ralliement 
les codes de la repentance 
l'imposture des soumissions 
l'abdication des désirs flamboyants 
je suis la grenade d'Andalousie 
qui explose entre les mains du propriétaire terrien 
l'amande douce d'un amour impossible 
la trêve des dieux au service de l'humanité 
et c'est loin des passions destructrices 
que j'ai vu briller tes soleils 
dans la nuit d'un atelier terrestre  
où musiques jeunesse et liberté 
dispensaient des éclats d'éternité 
l'écriture du vide et des nuages 
la pluie et les grandes marées d'équinoxe 
la mousson rose et violette 
venue d'un temps à naître 
l'aubier d'un baiser dans l'arène 
le fil d'un récit sans aiguille 
Tu fais dériver et flotter les couleurs 
sur des morceaux de papiers 
des ronds, des rectangles, des triangles 
tu crées des visages précieux au gré d'une chanson 
des gestes fous des gestes doux 
issus d'un souffle profond 
ressuscitant les morts des utopies perdues 
tu vis au sens fort dans les grandes largeurs 
vertigineusement esseulées 
dans les tourbillons d'un ciel de Van Gogh. 
  Le 15 juillet 2014 poème recueilli de André Chenet 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sophie Cuvelier  
aime investir toutes sortes de lieux 
pour en modifier la perception. 
Une bodega, une boutique de luxe, un appartement 
et pourquoi pas une galerie d'antiquités, 
qui est par définition le lieu des rencontres les plus improbables ? 
Les temps s'y bousculent et les styles s'y entrechoquent. 
Mais si éclectiques soient-ils,  
les objets donnent l'impression de se répondre de manière cohérente.  
De faire partie du même monde. 
Sophie Cuvelier se passionne pour ces dialogues improbables. 
Et elle aime y apporter sa touche. Ses fragiles lustres en papier de soie interrogent 
la puissante matérialité des bustes en marbre. 
Ses montages aériens et fébriles narguent  
la perfection transmise au fil des siècles par les artisans d'art de toutes les disciplines. 
En somme elle force l'éternel à se contempler dans l'éphémère. 
Le solide dans le fluide. Le sérieux dans l'illusoire. 
Et le jeu fonctionne à merveille. 
Montées en guirlandes ou en lustres volumineux, 
ses pastilles de papier jouent la dérision parmi les moulures et les dorures d'époque. 
Des myriades de gros points blancs clairsemés de tâches colorées soulignent 
la vanité des choses avec humour et courtoisie. 
On croirait voir des bulles dans le ciel de Pompéi. > Texte de Dann Chétrit 
 
 
 
 
Depuis + de dix ans,  
Sophie Cuvelier réalise des installations discrètes  
ou parfois plus envahissantes : suspendues en baldaquin,  
tendues dans la rue ou entremêlés dans la nature.  
Trois mètres, dix mètres, un kilomètre ou plus, la guirlande n’a pas de limite.  
La recette est complexe et se compose de deux ingrédients essentiels.  
Le premier, la couleur ;  
le second, une indispensable période de vacuité.  
C’est seulement après ce temps de latence que la formule magique opère.  
Pour teindre, sa cuisine lui sert de laboratoire nomade.  
Instinctivement les coloris s’inventent, les papiers sèchent  
et s’éparpillent en une montagne de couleurs,  
chaudes, mates, fraîches, tendres ou froides.  
Suivant son inspiration, Sophie trouve les formes,  
pioche les bonnes nuances et compose le fil d’Ariane.  
> Propos recueillis par Laurence Mamy 
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